Yvan Lemaire
Une interview pas comme les autres1. Comment es-tu tombée dans le chaudron (coaching) ?
Cadre commercial, après une dépression en 1991, suivie d’une thérapie, je me suis reconstruit lentement durant cinq ans tout en continuant à travailler et j’ai suivi une formation en 1996 et 1997 pour être thérapeute. J’ai alors beaucoup progressé dans ma carrière, notamment en management d’équipe commerciale et j’ai hésité à prendre le risque de me lancer en tant que thérapeute. Lors d’une formation au management, j’ai découvert le coaching grâce à un livre qui m’a été recommandé : « Le coaching Démystifié ». Une révélation pour moi : le coaching était ma voie, à la rencontre des domaines de l’entreprise et de l’individu… une nouvelle vie commençait pour moi..
2. Depuis combien de temps coaches-tu ?
18 ans…peut-être même depuis toujours, j’ai toujours aimé aider les gens à progresser et réaliser leurs projets, leurs rêves, être heureux.
3. Ta définition du coaching ?
Pour moi, le coaching est une libération de potentiels, une aide pour voir autrement et trouver de nouvelles possibilités pour atteindre ses objectifs.
Un dessin qui représente le coaching pour toi.
4. Ta formation ?
Commerce, finances, puis sciences humaines : D.U. Relation d’aide et Développement personnel, D.U. Relation d’aide et Alcoologie à la Faculté Privée des Sciences Humaines de Paris, formation Coaching Opérationnel chez Mediator International, D.U. Coaching et Développement personnel en entreprise à l’Université Paris II, MBTI niveaux 1 & 2 avec OPP, Coaching Cognitif et Comportemental de niveau 1 et Coacher avec les matrices cognitives (niveau 2), au sein du cabinet Chrysippe.
5. Comment as-tu choisi ta ou tes formations ?
Lors de ma rencontre avec Thierry Chavel, coach de dirigeant et auteur du livre « Le coaching démystifié », j’ai décidé de suivre la formation au coaching opérationnel qu’il animait au sein du cabinet Mediator International. J’ai ensuite suivi le D.U. Coaching et Développement personnel en entreprise à l’Université Paris II, dont il est aussi Co-Directeur. J’ai continué à me former régulièrement, par besoin, par envie, tantôt à la demande de mon employeur, tantôt au gré de rencontres marquantes.
6. Comment as-tu choisi ta cible ? (Coaching scolaire, coaching de dirigeant, coaching féminin, …)
Après un parcours réussi en management, j’ai ciblé des gens comme moi… des managers en entreprise, qui peuvent être en butte à des difficultés ou ne pas savoir comment atteindre leurs objectifs, même les plus ambitieux et qui ont besoin d’aide pour trouver de nouvelles voies et avancer.
7. Penses-tu qu’il convienne avant d’exercer de suivre un coaching, une thérapie, … ?
Oui, pour moi ça a été très utile et ça l’est encore aujourd’hui, pour apprendre, expérimenter, me connaître moi-même, travailler sur moi, être conscient de ce que je mets dans la relation, de mes perceptions, mes projections, etc…
8. Un coach légitime cela signifie quoi pour toi ?
Un coach légitime est pour moi un coach qui se sent légitime, qui se sent coach, qui respecte le code de déontologie de la profession, qui applique les techniques de coaching, mesure les résultats et le chemin parcouru par ses coachés et par lui, assure une traçabilité des outils et méthodes utilisés en séance et continue, malgré les années, à se demander comment il pourrait encore progresser, continue à se former, se fait superviser, se fait coacher chaque fois qu’il en a besoin.
9. Et toi, au début, c’était comment ? (Légitimité, client, cible, cabinet, lieu)
Aïe !… au début, beaucoup de doutes, de peurs, de ne pas être crédible, de ne pas respecter le code de déontologie à la lettre, de faire des erreurs, de ne pas être apprécié, reconnu… heureusement, la formation, l’application des techniques et le respect des règles de déontologie et un cabinet cossu, donnent un cadre qui permet de se rassurer et de rassurer le client. Puis, la multiplication des expériences, la maîtrise grandissante des pratiques et la supervision aident à construire un « style de coaching » qui nous convient, donne de bons résultats et donne confiance… tout en restant vigilant pour éviter de s’enfermer dans une trop forte assurance, un modèle unique.
10. La supervision, c’est quoi ce machin ?
La supervision pour moi, c’est débriefer mes expériences de coaching, me faire coacher pour clarifier lorsque j’ai des doutes, revisiter mes séances de coaching en cherchant ce que j’aurais pu faire d’autre pour être plus efficace, plus coach.
11. Que penses-tu des autres formes tels que la supervision en groupe, l’Intervision, … ?
Ce sont des opportunités de progresser. Toutes les formes de travail sur ma pratique du coaching m’intéressent, pour progresser et continuer à travailler sur moi, échanger avec des confrères, partager des bonnes pratiques, des éclairages différents, révéler ce qui n’émergerait certainement jamais si on ne le provoquait pas, confronter ma vision plus ou moins biaisée, au regard et au feed-back des autres, pour améliorer mes prises de conscience, mes techniques.
12. Est-ce utile ?
Oui, à chaque fois et c’est un plaisir de pouvoir échanger avec des confrères qui partagent les mêmes valeurs et les mêmes buts.
13. Es-tu supervisé(e) ?
Oui
14. Es-tu superviseur(se)
Oui
15. La 1ere impression est la bonne, parait-il ? Si tu devais te présenter en 3 minutes que dirais-tu ?
Bonjour, j’aime la vie, les gens, l’art, la technique, les contacts, mon travail et bien sûr ma famille. En quête d’équilibre et de liberté, je cherche, j’apprends, je crée, j’améliore, je me mets au service des autres et me réalise en aidant les autres à se réaliser, à dépasser leurs difficultés, libérer leurs potentiels et réaliser leurs rêves, leurs projets. Naturellement versé dans l’imaginaire et le conceptuel, j’ai appris à travailler aussi la technicité et le détail concret pour varier les approches et m’adapter à mes interlocuteurs. C’est grâce à la thérapie et au développement personnel que je suis venu au coaching et je travaille mon développement personnel depuis une trentaine d’années. Je travaille surtout en entreprise et c’est toujours un plaisir d’accompagner les personnes qui souhaitent progresser. Et mon plus grand plaisir est de voir dans le regard des personnes, s’allumer une étincelle, un déclic, une libération, lorsqu’elles ont choisi une voie qui leur plaît pour atteindre leurs objectifs. Coacher me fait aussi travailler sur moi et je souhaite que cela continue longtemps.
16. Si tu devais expliquer la différence entre le coaching et la thérapie à un enfant de 10-11 ans, que lui dirais tu ?
Imagine que quelqu’un te pose des questions et que tu deviennes tout rouge et que tu n’arrives pas à lui répondre même si tu connais la réponse. Tu es bloqué et si d’autres personnes te regardent et sourient ou se moquent de toi, ça te bloque encore plus et si ça arrive plusieurs fois tu finis par te sentir très mal et même en souffrir. Et bien une thérapie réussie t’aiderait à comprendre pourquoi ça t’arrive et te libèrerait de ton mal-être. Tes troubles s’atténueraient. Un coaching réussi t’aiderait à trouver de meilleures façons de gérer ce genre de situation, tu te sentirais mieux et tu saurais répondre facilement aux questions. Tu pourrais même finir par aimer ça.
17. Peut-on coacher nos proches, amis, familles ?
En principe non, car le lien affectif que l’on entretien avec ses proches perturbe la posture de coach. Il génère des biais cognitifs et des interprétations, dûs au fait que l’on pense bien connaître la personne et ses réactions. Et si on l’aime bien, on aura tendance à vouloir la protéger ou lui faire plaisir par exemple, ce qui nuit à la qualité des feed-backs que l’on peut lui faire. Plus on est impliqué affectivement, plus on manque de recul. Et suivant le type de relation que l’on a avec la personne, elle peut par exemple le prendre comme un défi et résister ou encore vouloir nous faire plaisir et faire semblant de progresser. Ça complique les choses. Cependant, il m’est arrivé de tenter l’expérience, en prenant une posture de coach dans le fil d’une discussion, sans prévenir la personne, en faisant abstraction de mes a priori, comme si la personne m’était étrangère et en essayant de rester centré sur son besoin et l’application stricte des techniques de coaching, en laissant de côté la dimension affective. Je ne le recommande pas et j’évite de le faire, mais les rares fois où je l’ai fait ça a marché. Notons aussi que, lorsqu’on coache un client, quelqu’un qui ne fait pas partie de nos proches, les phénomènes de transfert et contre-transfert génèrent aussi des perturbations liées à l’affect et nous sommes formés pour les gérer…
Interview réalisée par
Nathalie Raphael
Coach professionnelle certifiée en neurosciences
Passionnée par la simplification et la digitalisation des outils de coaching professionnel.
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